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Au 59 rue de Rivoli, on découvre un bel immeuble haussmannien sur six étages situé au cœur de Paris. Cette propriété du Crédit Lyonnais a été laissée à l’abandon durant 8 ans. Ce fut une opportunité pour des squatters artistes de prendre possession des lieux. En 2001, Bertrand Delanoë, nouveau maire de Paris, s’engage à acheter l’immeuble et en faire une résidence d’artistes. Au-delà de l’univers du graff, ce lieu sera ouvert à d’autres disciplines comme la peinture, la sculpture, les installations, les performances, les exhibitions éphémères et les concerts. En 2009, après 4 ans de travaux, il devient « aftersquat », un lieu de résidence pour artistes internationaux.
Pour Magali Berdaguer, une des résidentes, le 59 rue de Rivoli est à la fois un lieu de rencontre, de partage avec le public et un challenge. Etre dans un esprit de création, alors qu’un défilé permanent de public vous observe, vous photographie, vous questionne tient de la performance ! L’avantage indéniable de ce lieu populaire est la rencontre avec un public de tout âge et de tous les horizons. Echanger avec des enfants, des adolescents permet de se confronter à leur regard candide, instinctif, sans filtre. D’autre part, cela permet de démystifier l’art, d’aller à la source de l’éveil artistique, du ressenti personnel face à une œuvre ! Pouvoir avoir le temps de partager sa passion avec le public, d’échanger ses visions, ses réflexions sur les créations. Entrer dans une galerie intime freine parfois le spectateur dans son envie de découvrir un artiste, son œuvre.
Lorsqu’on évoque un squat d’artistes, on visualise rapidement un univers de graffs. On en trouve en quantité et la cage d’escalier vaut, en elle-même, le déplacement ! La viralité est le principe fondateur du graff qui s’est imposé en tant que discipline « Street art ». Dans les année 40, Kilroy, un ouvrier qui travaillait dans une usine de Détroit fabriquant des bombes, a l’idée d’inscrire sur celles-ci « Kilroy was here » (Kilroy est passé par là). Ce slogan narquois figurait sur les bombes larguées.
L’histoire s’est très vite répandue parmi les soldats qui, à leur tour, on inscrit sur les murs le même slogan. Les bases du graffiti étaient posées : propager un message qui donne un sens à une œuvre et la viralité qui permet d’être vu par un grand nombre de personnes.
Aux Etats-Unis, dans les années après-guerre, de nombreuses mutations voient le jour, les villes se transforment, le béton devient omniprésent, les banlieues se développent. La société de consommation prend beaucoup d’ampleur accompagnée de slogans publicitaire colorés et envahissants. C’est dans le métro que le graff va prendre son essor grâce à l’apparition des bombes de couleurs. Les artistes vont s’emparer du graff dans un esprit de contestation, de transgression des lois. Il est souvent assimilé au vandalisme. Cet art contextuel s’est imposé, il est devenu incontournable, prisé par les villes jusqu’à s’exposer dans les galeries.
Ce squat géré par un collectif d’artistes dynamiques s’est forgé une réputation. C’est, avant tout, un lieu de rencontres, de partages et d’expositions d’artistes européens aux univers extrêmement variés. Les périodes de résidence des artistes varient d’un mois à six mois, cela assure un renouveau permanent. Il fait à présent partie des adresses incontournables du circuit touristique parisien.
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